Le 16 juin 1983, trois Lancia LC2 s’alignent pour disputer la course d’endurance la plus réputée au monde, les 24 Heures du Mans. Aujourd’hui, l’une d’entre elles fait partie du catalogue de la vente aux enchères organisée par RM Sotheby’s à Monterey.
S’il y a bien une voiture qui a illuminé le Groupe C avec ses performances et le bruit de son moteur V8, c’est bien la Lancia LC2. Le hurlement de son redoutable moteur à plein régime, d’origine Ferrari, suffisait à humilier ses plus féroces rivaux. Il aura donné de magnifique souvenir aux spectateurs présents à cette époque sur les circuits d’Imola, de Silverstone ou du Mans.
Si la Squadra Corse a connu ses plus grandes succès sur la route, Mille Miglia, Targa Florio, Carrera Panamericana, sans oublier le Championnat du monde des Rallyes, elle s’est aussi révélée être une bête de course sur circuit. Entre 1979 et 1981, le constructeur italien balaie tous ses concurrents grâce à la brillante Beta Montecarlo Turbo.
Avec l’arrivée de la réglementation du Groupe C, Lancia a dû développer une voiture de course sur mesure, la LC2. Son design est signé Gian Paolo Dallara ! Celui-ci a conçu un châssis ingénieux en Avional, une fusion d’aluminium et de cuivre formé dans une structure en nid d’abeille, renforcée par des nervures en magnésium. Le pilote est logé dans une cellule de sécurité composée de panneaux en Inconel et d’un arceau de sécurité en titane, tandis que la carrosserie fait un usage intensif de la fibre de carbone et du Kevlar.
Pièce maîtresse de la LC2, le moteur V8 biturbo de 2,6 litres à double arbre à cames en tête. Assemblé à la main parles techniciens d’Abarth, ce moteur développe 700 chevaux à un régime vertigineux de 9 000 tr/mn. Associée à une carrosserie aérodynamique d’un autre monde et affichant un poids à vide de seulement 850 kg, la LC2 était capable d’atteindre les 360 km/h, enrhumant littéralement ses adversaires en ligne droite.
Lancia a initialement construit quatre LC2 pour participer au Championnat du Monde d’Endurance 1983, les trois premières devenant des voitures d’usine et la quatrième étant fournie à la Scuderia Mirabella. La voiture proposée ici, le châssis 0002, est la deuxième à avoir été construite et faisait partie du trio spécial qui a été engagé par l’usine dans la désormais emblématique livrée rouge, blanche et bleue du Martini Racing.
Après des qualifications effectuées un rythme impressionnant qui leurs ont permis de prendre la deuxième place sur la grille de départ, les pilotes de la 0002 se sont battus bec et ongle pour prendre la tête de la course. Malheureusement, suite à des problèmes de boîte de vitesses, ils n’atteindront pas la nuit et devront abandonner à 18 heures.
Après avoir participé à d’autres épreuves, notamment à Spa-Francorchamps et à Kialami en Afrique du Sud, le châssis 0002 a été temporairement retiré du service en 1984. La voiture fait son retour sur la piste le 14 avril 1985 avec une carrosserie revue et un moteur de 3 litres, associé à un système de gestion moteur Magneti Marelli et à deux turbocompresseurs KKK, développant ainsi 840 chevaux en version qualification. Des problèmes avec ce nouveau moteur ont contraint la Lancia à se retirer de la course, mais son rythme de qualification a été très encourageant pour le deuxième voyage de la 0002, les 15 et 16 juin sur le Circuit de la Sarthe.
Bob Wollek, Alessandro Nannini et l’Australien Lucio Cesario se qualifient à une belle troisième place derrière les éternels rivaux de Lancia, les Rothmans-Porsches. Avec Bob Wollek au volant, la 0002 mène la course pendant les trois premiers tours avant de ralentir délibérément afin d’économiser du carburant pour la durée de la course. La voiture fonctionne bien jusqu’à ce qu’une pierre vienne fissurer la soupape de décharge d’un des deux turbo, obligeant l’équipe à son remplacement, ce qui coutera 30 minutes d’arrêt au stand et privera la 0002 de toute chance de victoire. Elle finira à la 6ème place au général.
Une fois la restauration terminée, qui aura demandé plus de 1 000 heures de travail, cette LC2 a été certifiée Lancia Classiche. Elle est livrée avec un classeur Lancia Classiche, un certificat d’origine, plusieurs périodiques et surtout une série de pièces détachées pour sa suspension, son moteur et sa boîte de vitesses ainsi que divers éléments d’entretien. Dotée d’un système de gestion moteur MoTeC, cette merveilleuse Lancia n’a pas encore fait ses débuts en compétition après sa restauration et n’a été utilisée que de manière sélective lors d’événements privés sur circuit.
Aujourd’hui, elle n’attend plus que son futur propriétaire et pilote.